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Julien Davain

Auschwitz-Birkenau : un témoignage


Camps de concentration et d'extermination d'Auschwitz en 1945 · © Stanisław Mucha/ Bundesarchiv / CC-BY-SA 3.0
« Que ce lieu où les nazis ont assassiné un million et demi d’hommes, de femmes et d’enfants, en majorité des juifs de divers pays d’Europe, soit à jamais pour l’humanité un cri de désespoir et un avertissement. »

A pied, l’on aperçoit au loin cette grande tour tristement célèbre, ce bâtiment fait de briques, qui accueille les rails de l’enfer. Une fois arrivé, il nous faut franchir la « porte de la mort », comme elle fut appelée par les déportés qui la franchissaient dans leurs wagons, qui n’est autre que le porche situé en dessous de la tour.


C’est avec une forte angoisse, déjà présente depuis plusieurs minutes, que l’on découvre le lieu de vie – certes, bref – de milliers de déportés. D’un million, même, de déportés. On s’étonne de la grandeur du site. Marchant aux côtés des rails, on a le temps d’imaginer le sombre quotidien de ces vieillards, ces petits enfants, ces grands hommes et admirables femmes, qui ne partageaient pas les mêmes croyances que leurs bourreaux.


C’est la découverte de l’intérieur des baraquements qui provoque le pic de notre angoisse. L’on ne peut s’empêcher de voir, devant nous, des Hommes la peau sur les os, frêles et éminemment souffrants. Des gens marqués par la torture du nazisme.


Petit à petit, au fil des découvertes, l’on se rend compte être pris pour témoin. Témoin de l’horreur. Témoin de l’enfer, de la souffrance et surtout, surtout, témoin du crime. L’on s’étonne de se laisser gagner par une certaine lassitude. Une lassitude de l’être face à un trop plein d’horreur, trop pour la frêle imagination de l’Homme.


Des photos nous accompagnent pendant cette poignante découverte. Elles permettent une immersion totale la plus fidèle à la réalité, à la souffrance immesurable endurée par ces milliers de déportés. Ces photos sont accompagnées de petites pierres où sont inscrits quelques noms inconnus, des victimes du nazisme, encore. Toujours. Ces petites pierres témoignent des nombreuses familles toujours déchirées et meurtries par la guerre.


Et on se sent seul. Seul, comme toutes les victimes du camp. Oui, malgré une entraide qui relève de l’irréel, les victimes étaient seules face à la mort. Une mort proche, qui les attendait et les effrayait à quelques centaines de mètres. On se sent seul face à l’horreur et au souvenir de l’horreur.


Ces centaines de mètres parcourues, l’on est surprit de ne rien découvrir d’abord. Les bourreaux avaient tenté de camoufler leur crime en détruisant les preuves les plus flagrantes. En l’occurrence, les chambres à gaz. La mort. Fort heureusement, le souvenir était là. Omniprésent et indestructible. Le souvenir est bien la chose la plus réelle que l’on puisse trouver sur ce lieu. Il suffit de continuer quelques secondes pour apercevoir les traces de l’ « après ». Ce monument, cet hommage poignant du monde aux victimes du nazisme. En 21 langues, une phrase simple, brève, mais poignante. Une phrase dépourvue d’espoir, quoique l’espérance que ce vœux soit écouté. Le vœux que ça ne se reproduise plus jamais. « Plus jamais ça », disait Calogero dans un autre contexte. Il est important de répéter ces mots. Qu’ils raisonnent à jamais dans notre esprit.


« Que ce lieu où les nazis ont assassiné un million et demi d’hommes, de femmes et d’enfants, en majorité des juifs de divers pays d’Europe, soit à jamais pour l’humanité un cri de désespoir et un avertissement. »

En ressortant du camp, l’on se rend compte de l’impact laissé par cette découverte. Un impact imperceptible pendant la visite. En ressortant du camp, place à la réflexion. Pourquoi ? Il suffit de cette brève question pour résumer toutes les interrogations des déportés, et les nôtres. Comment ? Comment un dieu qui, dans toutes les religions, est définit comme bon, bienveillant et juste, a-t-il pu laisser s’exécuter un tel drame ?


Peut-être a-t-on accompli un devoir de mémoire en se rendant compte du supplice, de l’horreur et de l’abomination présents sur ce lieu. Peut-être, pour l’accomplir, faut-il témoigner et perpétrer la mémoire de cet enfer pour ne jamais oublier. Jamais.



En hommage aux victimes.

Mardi 1er août – après la découverte poignante du camp de concentration d’Auschwitz-Birkenau.


 

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